Hôpital du Sacré-Cœur

Après les lits et les civières, les fauteuils de soins

Forcé de fermer 25 lits de longue durée et de retrancher 4,3 millions dans son budget, l’hôpital du Sacré-Cœur propose l’introduction d’un nouvel objet dans son établissement : le fauteuil de soins. Cette solution, qualifiée de sécuritaire et économique, permettrait d’installer confortablement les patients qui n’ont pas besoin d’être traités sur des lits ou des civières, mais qui ne devraient pas être largués dans une salle d’attente.

Cette nouvelle initiative verra le jour en septembre. Il s’agit de l’une des principales mesures du plan « d’optimisation » de l’hôpital, un mot utilisé à toutes les sauces, mais qui, en théorie, signifie « faire mieux avec moins ».

Comme tous les hôpitaux du Québec, l’hôpital du Sacré-Cœur doit se serrer la ceinture. Afin d’atteindre le déficit zéro, le gouvernement du Québec force l’ensemble des établissements (hôpitaux, CHSLD, CSSS, centres de réadaptation) à diminuer leurs dépenses de 225 millions en 2013-2014, sans toutefois réduire les soins à la population. C’est là qu’entrent en jeu les « plans d’optimisation ».

L’hôpital du Sacré-Cœur figure dans le top 5 des établissements qui doivent « optimiser » le plus. À cela s’ajoute une autre tâche difficile : l’Agence de la santé de Montréal exige la fermeture d’une unité de 25 lits de soins de longue durée, principalement occupée par des patients en attente d’une place en centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Cela permettra à l’hôpital d’épargner 1,3 million. « On ne voulait pas juste bêtement mettre le couperet là-dessus, on s’est dit : il faut utiliser les espaces qu’on va libérer », explique la Dre Josée Savoie, directrice des services professionnels et hospitaliers.

Le plan de Sacré-Cœur

La direction de l’hôpital a décidé de récupérer une partie de l’espace de l’unité de soins de longue durée pour en faire une « aire de départ » de huit fauteuils. Les patients en attente de transport pour retourner à la maison pourront s’y installer, sous la supervision d’une infirmière auxiliaire.

« On s’est rendu compte qu’on avait beaucoup d’admissions entre 16 h et 20 h, alors que les congés sont signés vers 10 h le matin. Ça n’a pas d’allure qu’un patient qui a congé à 10 h le matin attende des heures que sa famille vienne le chercher dans un lit où on pourrait mettre quelqu’un qui attend sur une civière à l’urgence. Mais d’un autre côté, on n’est pas prêt à mettre des patients âgés dans un endroit reculé de l’hôpital, avec une surveillance inadéquate », a expliqué la Dre Savoie.

Grâce aux lits qui seront libérés plus rapidement, on espère pouvoir effectuer une à deux interventions chirurgicales de plus par jour. Et plus un hôpital fait d’opérations, plus il engrange des revenus.

Quatre fauteuils « de départ » seront aussi installés à l’urgence. Les urgentologues pourront aussi installer des patients sur deux « fauteuils de traitement ».

« Ce sont les médecins de l’urgence qui ont eu cette idée-là. Ça part d’un constat effectué sur le terrain », a expliqué Adélaide de Melo, directrice adjointe aux soins infirmiers. Elle explique que les fauteuils peuvent par exemple servir pour administrer des médicaments par intraveineuse, installer les patients qui souffrent de migraine ou des aînés souffrant d’une fracture qui attendent de passer une radiographie.

Il existe présentement trois aires de débordement, où les patients sont installés lorsque les urgences débordent.

L’hôpital a décidé de recycler les chambres de l’unité de soins de longue durée pour y regrouper les trois aires de débordement. Lors des pics d’achalandage, 18 lits additionnels pourront y être ouverts, dont 5 immédiatement. Actuellement, il faut compter quatre heures avant de pouvoir installer des patients dans ces aires. L’équipe traitante n’aura plus besoin de s’éparpiller à trois endroits.

Pour atteindre la cible de 4,3 millions, d’autres projets d’optimisation sont actuellement élaborés au sein de l’administration et des services alimentaires.

On dit souvent que les urgences sont le paratonnerre du système de santé. L’an dernier, la fermeture des 108 lits d’une unité de soins prolongés pour les patients en fin de soins actifs à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont a fait très mal, le réseau n’ayant pas eu la capacité d’absorber le choc. Résultat : le temps d’attente moyen sur civière aux urgences est passé de 35 à 40 heures.

Le plan d’optimisation de Sacré-Cœur permettra-t-il d’éviter un refoulement aux urgences ? « C’est le pari qu’on prend », lance la Dre Savoie.

« On croit qu’on a un plan qui se tient très bien », renchérit Mme de Melo, mais c’est sûr qu’on a besoin que tous nos efforts se poursuivent ailleurs dans le réseau. »

Chiffres

Coût d’exploitation d’une civière : 450 $ par jour

Coût d’exploitation d’un lit d’hôpital : 350 $ par jour

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